« Grosse » n’est pas quelque chose que l’on ressent

15 mars 2015

Cette vidéo est absolument cool !

Parce que c’est la politique de ce blog, je te la traduis pour tes beaux yeux !

« Grosse » n’est pas quelque chose que l’on ressent

Je me souviens m’être sentie grosse quand j’avais 4 ans.

Je me souviens, debout à la barre pendant le cours de danse classique, me regardant et comparant mon corps à celui de tous les autres.

Je me souviens avoir utilisé la nourriture pour calmer mes angoisses émotionnelles, très jeune.
Aux yeux des autres, j’avais eu énormément de privilèges en grandissant, ce qui a rendu les choses plus difficiles lorsqu’il a fallu gérer ma douleur psychologique et le traumatisme physique de mon corps.

J’ai commencé à m’affamer à 11 ans. J’ai lutté avec un trouble de l’alimentation, la plupart du temps, la boulimie, pendant 10 ans.

J’ai été brutalisée pendant 1 an et demi au lycée, et violée le premier mois de mon arrivée à l’université, une semaine avant que mon petit frère ne soit renversé par une voiture et tué.

2 ans après, j’étais assise sur le sol de ma chambre avec ma meilleure amie et j’ai listé toutes les épreuves que j’avais traversées dans ma vie, traumatismes par traumatismes, et j’ai eu une grande révélation.

Je me tuais.

J’avais activement mis mon corps en danger pendant 10 ans.
D’autres personnes avaient violé mon corps, et mon frère n’avait même plus de corps du tout.

Tout le monde à un corps, pour toute la vie. J’ai su que je devais commencer à la traiter différemment.

J’ai fait le choix d’aimer mon corps pour le reste de ma vie, tous les jours. Cette guérison fut comme éplucher un oignon couche par couche. 

D’abord, je me suis promise que me purger (vomir quoi) ne serait plus jamais une option. J’ai appris à m’habituer à la sensation de ne pas se purger.
Puis, à ne pas me goinfrer.
Ensuite, à ne pas manger en fonction de mes émotions.
Ensuite, à ne pas avoir peur de la nourriture.
Ensuite, à ne pas avoir peur de mon corps.

Et j’ai appris que la manière dont je mangeais et le bougeais devait venir de ma propre volonté.

Ça m’a demandé beaucoup d’entraînement. Et j’ai appris l’art de l’alimentation intuitive, où je mange ce que je veux, quand je veux, ou je mange quand j’ai faim et je m’arrête que je suis rassasiée.

Cet objectif très concret, à lui seul, m’a permis de guérir complètement depuis maintenant 10 ans.

J’ai été le témoin, tout au long de ce processus, de “comment” le monde nous dit de ne pas s’aimer. De l’industrie milliardaire de l’amaigrissement à la guerre, au racisme, au sexisme, à l’homophobie, au capacitisme et toutes les oppressions.

Et je sais que le choix d’aimer mon corps est à la fois révolutionnaire par le fait que je puisse aujourd’hui vivre en aimant mon corps, mais aussi par le fait que cela m’a donné la clé pour aimer et respecter le corps des autres.

Parce que j’ai fait le choix de me remettre complètement de mes traumatismes, j’ai décidé que chaque jour n’avait pas à être une lutte. J’ai appris à gérer les émotions, à ressentir chaque chose, à être patiente, et c’est vraiment enivrant.

Et même si j’aime entièrement mon corps, il y a des moments difficiles. Et des fois, je me sens grosse. Et quand je pense que je “me sens grosse”, je me souviens que “grosse” n’est pas quelque chose que l’on ressent. “Se sentir grosse” ne veux rien dire.

Donc si “je me sens grosse”, je sais que ce que je ressens est quelque chose d’autre, et que ça vaut le coup de chercher ce que c’est.

Dans ces moments de doutes, je prends une profonde et lente inspiration et je me rappelle que la capacité de corps à faire sans cesse ça, (passer à autre chose), inconsciemment et involontairement, est un miracle. Je choisis d’en être reconnaissante dans ces moments-là. Reconnaissante de tout ce que mon corps peut faire, et tout ce que mon corps à surmonté.

Je choisis d’aimer mon corps.

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